William n'avait plus la tête à sortir ces derniers temps, il préférait rester dans sa chambre, son casque sur les oreilles (c'est plus pratique pour écouter de la musique). Malgré les menaces de sa soeur de venir le tirer de là, en l'attrapant par sa jolie touffe bouclée, pour l'amener sur le pont afin qu'il redécouvre la couleur du soleil, William ne bougeait pas de là. Même sa cousine, Juliet, était venue le voir, mais elle avait rapidement compris qu'elle devait mieux le laisser là, pour le moment. Il finirait bien un jour par sortir, il finirait bien un jour par en avoir marre.
Ce jour arriva, enfin. Ce fut un soir, plus exactement. Soudainement, William eut l'impression d'étouffer dans sa chambre, et il comprit qu'il était temps qu'il sorte, qu'il prenne l'air. Il se décida donc à se lever de son lit, se prépara, il ne pouvait dignement pas sortir habillé comme un sac, vous connaissez William, il avait des principes. Est-ce qu'il avait pris tant de temps et accordé tant d'attention à se préparer parce qu'il avait supposé qu'il pourrait peut-être croiser Kristie ? Allez savoir …
Quoi qu'il en soit, une fois fin prêt, il sorti donc de sa cabine, Casque sur les oreilles, portable dans la poche. Où aller ? Voilà la nouvelle question qui le préoccupait. Cela lui plu, ne plus penser aux trois ans de souvenirs qu'il avait tissé, avec Kristie, lui faisait du bien. Après mûre réflexion, il choisit le pont. A cette heure ci, tout le monde devait être au restaurant ou dans sa cabine, en train de manger, le pont ne serait donc pas très peuplé. C'était exactement ce qu'il lui fallait. Ce n'est pas qu'il ne voulait pas voir de monde, mais il ne voulait pas en voir beaucoup, pour le moment. Il n'avait surtout pas envie de croiser quelqu'un qu'il connaissait. Peu de gens savaient qu'entre Kristie et lui, c'était fini. Juliet lui avait proposé de répandre la nouvelle rapidement, comme elle seule à le secret, mais il lui avait demandé d'attendre, un peu, jusqu'à ce qu'il arrive à ne pas prendre une tête de meurtri-qui-vient-de-voir-un-petit-chaton-se-faire-écraser à chaque fois qu'on lui parlait de cela.
Quand il arriva sur le pont, il constata, non sans une certaine fierté, qu'il ne s'était pas trompé. Le pont était aussi vide que les rues de Douai le samedi matin quand je me rends au lycée. Satisfait, il alla près de la rembarre, et s'y accouda, pour regarder la mer. Mais rapidement, il comprit que ce n'était pas une bonne idée. Combien de fois s'était-il amusé à faire rougir Kristie en la regardant, d'un air amoureux, et en lui disant qu'il se noyait dans le bleu de ses yeux. Trop de fois, c'était certain. Il se redressa donc, et alla s'allonger sur un transat au bord de la piscine. Toujours avec son casque sur les oreilles, il ferma les yeux. En fait, ça ne changeait pas tellement de s'il était resté dans sa chambre.

Cette croisière était limite décevante. La plupart des gens que je connaissais que j'avais revu avaient changé. Énormément. Y en a même certains que limite, je ne reconnaissais plus. Pour ma part, j'étais restée la même. J'étais toujours la petite fêtarde souriante.

Il était dix neuf heures, je venais de rentrer dans ma cabine, après une longue journée ou je n'avais fait que du shopping. C'était la première fois dans cette seconde croisière que j'y allais, et je peux vous assurer que ma carte bleue a pas mal chauffé. Mais je n'étais pas satisfaite de ma journée. C'est vrai, qu'avais je fait mis à part traîner dans les magasins ? Bah, pas grand chose. Fallait que je sorte de cette cabine, que je vois quelqu'un.

C'est ce que je fis donc. Je jetais à peine les sachets plastiques sur mon lit que déjà je sortais de la cabine. Je fis raisonner mes talons dans le couloir désert tout en réfléchissant ou aller. Il était trop tôt pour aller en boîte ou au bar. Y aurait pas grand monde. Et aller au restau seule, ça le faisait vraiment pas. Je décidais donc d'aller faire un tour sur le pont principal, qui sait peut être que je trouverai quelqu'un à qui parler. J'aperçus quelqu'un allongé sur un transat', un casque sur les oreilles. C'était William.

William, c'était un mec avec qui j'avais couché plusieurs fois lors de la première croisière. Et après ça on était devenu des amis, des « fuck friends » si on peut dire ça comme ça. Mais on avait une véritable complicité, on se taquinait, draguait sans cesse. J'avais appris, en revenant sur cette seconde croisière que William n'était plus ce qu'il était. Apparemment il avait cessé toute drague envers les femmes et il était très fidèle à sa copine. William, une copine ! Ah la bonne blague. Si il y avait bien quelqu'un que je voyais infidèle c'était bien Will. Le savoir en couple et surtout si fidèle, ça me faisait... Bizarre.

Il ne m'avait pas entendu arriver, mais je me tenais bel et bien en face de lui, les mains sur les hanches. En même temps, il avait les yeux fermés. Je décidais donc de le sortir de son "monde musical"

♣ ACIDEEN - « Hé hé, Will. Tu ne salues pas ta vieille copine ? »

Dis je sur le ton de l'ironie. Il ouvrit les yeux.