i love you, man.

Cela faisait trois ans… Trois ans que je n'avais plus mis un pied sur un bateau, que j’avais quitté mon travail, mon appartement, et ma vie canadienne pour aller faire une croisière dans la mer méditerranée qui avait duré deux mois. J'y avais retrouvé Dean, mon meilleur ami de toujours. Lui et moi avons partagé la même cabine, pour notre plus grand bonheur. C’était tout de même étrange de se retrouver dans la même chambre que son meilleur ami, à dormir dans la même pièce que lui comme vous le faisiez autre fois alors que la dernière fois que vous l’aviez vu remontait à des semaines. Bien sûr que Dean m’avait manqué, comment aurait ce pu être autrement. Je tenais tellement à lui que j’avais préféré quitter l’Angleterre que le laisser partir sans moi. Malheureusement, tout ne c’était pas passé comme nous l’avions prévu et il était à New York alors que j’étais à Boston. On se voyait encore à ce moment là, jusqu’à ce que je parte pour le Canada. Les mails étaient nombreux mais j’avais besoin de le voir, de le serrer dans mes bras… Lorsque la croisière avait touché à sa fin je lui avais proposé qu’on reste ensemble. Il avait vécu quelques temps chez une jeune demoiselle avant de venir chez moi. Je lui avais trouvé un petit travail dans la chaîne pour laquelle je travaillais à San Fransisco. Je ne voulais pas qu’il soit loin de moi une nouvelle fois. Trois ans étaient passés si vite. Je ne voyais jamais le temps passer avec lui. Nous avions appris que Aloa Liberta remettait le couvert et invitait tous les anciens. On avait donc décidé de repartir, ensemble. Si Dean n’était pas venu, je ne serais pas partie. Je ne m’imagine plus vivre sans lui.

Le bateau se trouvait à LA. Nous partagions toujours la même cabine. J’étais sûrement la plus heureuse des jeunes femmes de mon âge. J’étais heureuse de retrouver ce bateau et ses anciens voyageurs. Certains avaient eu des enfants, d’autres s’étaient séparés… Je ne sais pas où est Amber, je ne sais pas où est Channel. J’espère que tout le monde sera là. J’étais assise sur le pont, me souvenant les moments que j’avais passé ici. J’étais heureuse de revenir ici après ces années. Je regagnais ma cabine pour me changer, j’avais envie de faire un peu de sport. Il y avait trop de monde à la piscine, je préférais donc faire un tour sur le terrain de tennis. L’endroit était vide, Dean devait être sorti ou en ville. Je passais un petit short et un débardeur. J’enfilais également une paire de basket. Une serviette à la main et une bouteille dans l’autre je montais sur le terrain de tennis. Il n’y avait pas grand monde. Je pris une raquette et une balle avant de me diriger vers un terrain vide. Je pris mon téléphone et envoyais un sms à Dean. « Dean Coverty vous êtes prier de vous ramez sur le terrain de tennis où votre chère et tendre meilleure amie vous attends. Et en tenue de sport, bien sûr ! ». Je souris doucement et commençais à m’échauffer.

« L'amour, l'amitié, c'est surtout rire avec l'autre, c'est partager le rire que de s'aimer. »

- hervé lauwick

Dean a tellement changé en trois ans. Il est devenu quelqu'un de fantastique. Parfois, j'ai du mal à savoir si il n'y a vraiment que l'amitié entre nous deux, surtout quand je le regarde dans les yeux. J'apprécie ce changement et je suis fière de pouvoir dire que je l'ai aidé à être ce genre d'homme. J'espère sincèrement qu'il ne redeviendra pas celui qu'il était quand je l'ai retrouvé sur cette croisière. Je sais qu'il est quelqu'un de bien, je l'ai toujours su d'ailleurs. C'est pour ça que je n'ai pas hésité à le présenter à mon patron lors d'un des nombreux gala que donnait la chaine. Je voudrais qu'il reste le même que pendant tout ces moments que nous avons passé ensemble, à New York chez Channel et Mike ou même simplement lors de nos repas de midis souvent partagés à la cafétéria de la chaine. Après avoir décroché mon diplôme j'avais vécu des années sans le voir et maintenant je n'arrivais même pas à imaginer passer une journée sans le voir. J'étais si bien avec Dean à mes côtés... Il y a quelques années je n'avais pas hésité à quitter ma famille pour lui. Je n'avais pas émis de doute un seul instant pour prendre ma décision. Dean était toujours passé avant tout le reste. Si il m'annonçait un jour qu'il voulait partir en Alaska pour le reste de sa vie, je lui dirais sûrement qu'il ne sera pas seul dans son voyage. Cette manie de toujours le suivre, de toujours tout faire pour être avec lui m'intriguait depuis quelque temps. J'étais persuadée que Coverty était important dans ma vie mais j'avoue que depuis peu je remettais en doute la véritable profondeur de cette importance. J'étais jalouse de toutes ces filles qui avaient pu l'avoir rien que pour lui et cette jalousie me faisait peur. Je ne voulais pas gâcher notre amitié...

J'ai toujours pensé que faire du sport était important pour la santé. À la maison, j'allais toujours faire un footing chaque matin, même en hiver, avant d'aller travailler. Il n'était pas non plus rare que j'aille à la piscine le dimanche. Certaines personnes se demandent parfois où je trouve toute cette énergie mais j'en ai toujours débordé. J'ai toujours eu besoin d'être occupée ou d'évacuer ce surplus d'énergie. J'avais vu très peu du bateau mais j'avais vu qu'il y avait un terrain de tennis. On aurait tout le temps de visiter cet immense navire dans les jours à venir. J'étais persuadée qu'il nous réservait quelques surprises. J'espérais que Dean me rejoigne. Je ne voulais pas passer l'une de mes premières journées sur ce nouveau bateau sans lui. Il ne lui fallut pas longtemps pour arriver. Je souris en le voyant et encore plus en l'entendant. Je savais que j'avais un physique plutôt avantageux mais à chaque fois qu'il me le disait, ça me faisait plaisir. « Merci ! Met pas la faute de ta future défaite sur ma jupe. Je suis meilleure que toi c'est tout... » Je déposais ma raquette au sol pour le prendre dans mes bras. Ce genre de gestes n'était pas rare entre nous. Je m'écartais un peu pour le regardais avec un petit sourire. « Toi aussi t'es pas mal dans ce tee-shirt. T'es sûr qu'il est pas un peu trop petit pour toi ? Je plaisante... Bon il s'agit pas d'exposer tes petits muscles mais de t'en servir ! Celui qui gagne pourra demander à l'autre de faire ce qu'il veut, d'accord ? » Je souris amusée. Il peut toujours rêvé pour que je le laisse gagner. Je rattrape ma raquette et me mets d'un côté du cours... J'aime les moments où il est là avec moi même si c'est pour jouer au tennis. Je sais qu'ensuite on ira boire quelque chose au bar. Tout est tellement simple entre lui et moi. Je ne m'ennuie jamais quand il est là. Je crois que... Je crois que finalement si je veux Dean avec moi pour toujours ce n'est pas pour les même raisons qu'autrefois... Mais comment l'accepter ou lui faire comprendre ?

Comme tout homme, je tiens à ma fierté. Il était donc hors de questions que je me laisse faire battre par une fille, que ce soit Bowie ou une autre. Surtout dans un domaine où j'ai toujours réussi. On ne m'a pas nommé capitaine de l'équipe de football américain de mon lycée pour rien. Peut-être que je n'étais pas une tête à l'école, mais au moins j'étais excellent dans un des domaines scolaires : le sport. Me faire battre par une fille serait donc une honte pour moi et en prendrait un sacré coup sur ma fierté, même si cette activité doit être jouer pour le plaisir de jouer et non dans le but de gagner comme pour une compétition. Et mon plan ayant pour but de la déstabiliser n'a pas marché comme je l'imaginais. Certes, elle fut flattée comme je le voulais, mais elle a réussie à comprendre mon petit manège. J'aurais du m'y prendre autrement avec elle. Bowie est peut être blonde, mais elle est loin d'avoir un cerveau de la taille d'un petit pois et comme toute blonde elle sait très bien se servir de son charme quand il faut, comme aujourd'hui : ses bras entourés mon cou, mon regard était plongé dans le sien et une drôle sensation m'envahissait en moi alors que ce genre de gestes n'était pas rare entre nous. Pour lui éviter toutes questions sur mon comportement, je me repris et trouvai vite quoi lui répondre. « Je risque de ne pas y aller de main morte avec toi si tu veux jouer à ce jeu-là. Que le meilleur gagne dans tous les cas ! » Avant de me lancer dans cette partie interminable, il fallait que je trouve une raquette et j'ai pu en trouver une facilement, sous mes yeux. Cette raquette en question est l'une de Bowie et je suis sûr qu'elle ne verrait rien contre à ce que je lui empreinte en sachant que je lui rendrai à la fin de cette partie. « Je fais le service. » En passant pour prendre ma raquette, j'avais pioché quelques balles dans son sac. Dur de jouer au tennis sans balles. Puis à ces mots, je réfléchissais déjà à ce que j'allais lui demander. Beaucoup de choix s'offraient à moi, mais cette réflexion ne dura qu'un court instant, le temps que je me décide à lancer la première balle. La partie pouvait enfin commencer, mais en douceur. « Je vais y aller doucement sinon tu risques de te fouler. » dis-je avec un sourire amusé en m'attendant à ce qu'elle réponde violemment à cette balle et pour éviter cela, je me décidai à la raisonner. « Je plaisante Bowie ! Je t'aime, tu sais ? »

J’avais dix-sept ans quand j’ai rencontré Bowie. C’était un vendredi après-midi, j’étais fatigué, et mon premier cours de biologie de l'année allait bientôt commencer. Un garçon comme moi n'avait vraiment rien à faire dans un cours tel que celui-ci, mais je m'étais pris trop tard dans le choix de mon option. Je n'avais donc pas le choix que de prendre cette option et de m'y rendre. La classe était pleine. La seule place disponible se trouvait à côté d’une belle blonde ; Bowie. Je suis allé me planter devant elle pour lui dire : « Est-ce que cette place libre ? » Je me souviens encore, comme ci c'était hier, du sourire que Bowie m'avait lancée avant de me répondre. C'est alors qu'elle a poussée son sac et que je me suis assis, bien content d'avoir trouvé une place. Ma voisine ne m'avait pas jetée un regard depuis que j'étais assis près d’elle ; je m'étais alors présenté, sans vraiment me demander pourquoi, surement la timidité : « Je m'appelle Dean Daniel Coverty. C'est toi qui a décidée de prendre cette option ou on t'a forcée à la prendre ? » Et puis, la conversation est partie. Depuis notre rencontre au lycée, je passais déjà le plus clair de mon temps avec elle tellement je me sentais bien en sa compagnie. Je l'apprécie énormément, mais seulement comme une amie ?

À l'époque du lycée j'étais le genre de filles plutôt discrètes qui travaillent beaucoup et se consacraient plus à ses études qu'à ses relations avec les autres. J'avais toujours été bonne en sciences alors dès qu'il avait été possible de choisir son option j'avais été la première sur la liste de la classe de biologie. Je pensais retrouver les même personnes que d'habitude, ce qui suivaient également les cours de maths poussés. À mon grand étonnement, il y avait un nouveau... Il n'y avait plus de place à part à côté de moi. J'étais sociable et la compagnie des autres ne me dérangeait absolument pas, c'est pour ça que lorsqu'il m'avait demandé si la place était libre je m'étais contentée de lui sourire en dégageant mon sac. Je savais qui il était, tout le monde le savait. Dean était capitaine de l'équipe de football et quand on est au lycée le sport prends un place plus importante qu'on ne pourrait le croire. C'était notre premier cours j'étais concentrée sur mon cours et puis il s'est présenté. Je lui ai souris en me présentant. Notre amitié a commencé comme ça après un cours de bio. De fil en aiguille on est vite devenu inséparables. Je n'imagine pas ce que j'aurais fait durant toutes ces années sans lui. Je n'avais pas de secret pour lui, ou si peu. Il était le seul à me connaître coeur et âme. Il n'était pas faux de dire que je l'avais trouvé mignon dès le début. Mais Dean était ce qu'on appelle un séducteur, donc pas un homme pour moi. Je voulais quelqu'un qui pourrait m'aimer sans jamais avoir peur de le retrouver dans les bras d'une autre femme. Alors je le regardais séduire toutes ces filles défilaient dans ses bras sans rien dire. Avec le temps, il n'avait pas changé jusqu'à ces trois dernières années. La première croisière avait été riche en relation pour lui. Je ne savais pas à quoi était dû ce changement soudain mais je m'en réjouissais.
J'étais heureuse à l'idée de pouvoir repartir sur une croisière avec lui mais j'avoue que j'avais peur que tous les progrès qu'il avait fait pendant ces années à mes côtés. Et si finalement tout cela ne représentait rien pour lui ? Encore une fois je taisais mes craintes. Tout le monde est humain et je savais qu'il pouvait faire des erreurs mais j'attendais tellement de lui...

Comme tous les hommes, Coverty avait sa fierté et je savais que perdre blesserait son égo. J'étais assez sportive mais je ne me faisais pas tellement d'illusions. Il ne pratiquais pas le tennis régulièrement mais je le savais plus sportif que moi, malgré mes joggings quotidiens. Je ne peux m'empêcher de rire légèrement en l'entendant. Je regrette finalement de lui avoir proposé cet avantage pour le gagnant. J'avais déjà quelques idées sur des choses à lui faire faire mais j'ignorais ce qui pouvait se passer dans son esprit. Coverty se baissa pour attraper une raquette ainsi qu'une balle. Il voulait faire le service ? « Pas de soucis. »

Nous étions tous les deux en place quand il me dit qu'il allait y aller doucement. J'avais horreur de cette attitude typiquement masculine qui racontait que parce que nous étions plus faibles les hommes devaient faire preuve d'indulgences. Je m'étais battue toute ma vie pour montrer qu'une femme pouvait tout aussi bien réussir qu'un homme. J'avais d'ailleurs pris la place d'un homme dans l'émission de San Fransisco. Je levais donc les yeux au ciel en l'entendant. « C'est toi qui va te fouler quelque chose mon petit ! » Sa phrase suivante me perturba légèrement. Pourquoi me disait-il ça aujourd'hui alors que je remettais mes sentiments envers lui quelques secondes plus tard... Je fermais les yeux un instant et refermais mes mains sur le manche de ma raquette essayant de chasser toutes interrogations de mon esprit. Mon regard se posa à nouveau sur lui alors qu'il lançait la première balle. J'aurais dû lui répondre quelque chose, même quelque chose de banale du genre : oui je le sais très bien ou même moi aussi je t'aime maintenant envoie moi cette balle mais j'en avais été incapable. La balle est toujours dans sa main et je tente de la fixer histoire de ne pas paraître fasciner.

Celle-ci passa à côté de moi, pas très loin, j'aurais pu l'avoir sans grande difficulté mais je ne pensais qu'à une chose : les mots qu'il venait de dire. Je déglutis doucement et me tournais pour attraper la belle. Enfin, Bowie qu'est-ce qui t'arrive aujourd'hui... Depuis le temps où tu te poses des questions, le nombre de fois où tu as menti, où tu as su te contrôler alors que tu étais en plein direct. Pourquoi aujourd'hui une petite phrase te perturbe autant ? Je saisis la sphère jaune et me retourne rapidement. « J'suis peut-être pas en si bonne forme que ça en fait... »

Je lui relance sa balle en gardant la bouche close. J'aurais aimé lui dire que je l'aimais moi aussi mais si ses mots prenaient une teinte trop personnels j'avais peur qu'il comprenne et que j'ai à me justifier. Concentre toi sur la balle, Bow, tu peux le faire... Ou pas. Un nouveau service que je rate, je soupire légèrement. « Si je rate celle-la, je pleure, je te le jure. » Je souris légèrement. Il faut que je lui parle, ça ne pourra pas durer éternellement. « On va faire un tour après ? »

On est tous à la recherche de l'amour, de ce perpétuel besoin de se sentir aimé. Chaque jour à l'affût d'une preuve d'amour, d'un geste, d'un regard, d'un sourire. On ne vit que de ça. L'être humain est bizarre. Il est incapable de contrôler ses sentiments par contre il sait très bien mentir. Dire un « je t'aime » qu'il ne pense pas, sourire pour cacher une larme et même se mentir à lui-même. Mon « je t'aime » à moi n'est pas un je t'aime que la plupart des filles attendent de la part d'un homme et ce n'est pas non plus un mensonge. Compliqué vous ne trouvez pas ? Et pourtant la vie c'est ça. Ce sentiment qui nous rend ivre, qui nous fait souvent perdre pied et tourner la tête. L'amour c'est un amas de questions qui te tombe dessus quand tu le croises sur ta route. L'amour c'est aussi ce qu'on qualifie de plus beau dans une vie. Et pourtant Dieu sait que ça fait souffrir. Jamais notre amitié c'est tournée une seule fois vers l'amour et jamais je n'y ai pensé même si notre entourage nous voit ainsi, ensemble. Pourtant Bowie et moi avions tout l'air d'un couple à être toujours ensemble et a ne jamais nous lâcher jusqu'à partager la même cabine. Aelya, ma filleule, nous voit comme un couple, car elle m'a toujours vue en compagnie de Bowie dés son plus jeune âge. Finalement, peut être qu'on finirait ensemble, l'avenir nous réserve bien des surprises. Je peux m'attendre à tout avec lui. Pour le moment, il ne m'a pas déçu et j'espère que ça continuera ainsi. Qu'il me trouvera cette perle rare qui par la suite deviendra ma fiancée ou même la mère de mes enfants. Mon rêve a toujours été de fonder une famille avec la femme que j'aime. Amber, mon premier amour pour qui j'aurais donné cœur et âme, m'a rendu heureux en me divulguant l'existence d'un fils alors qu'elle aurait très bien put le garder pour le protéger. Mais le rôle d'un père est aussi important que celui de la mère et tout enfant tient à être aux côtés de ses deux parents. Je ne veux faire la même erreur avec eux si le ciel m'offre ce cadeau une nouvelle fois, c'est à dire laisser une mère seule avec son fils et jouer son rôle avec celui du père. Je n'ai pas eu cette chance de voir mon fils naître, mais j'essaye de me rattraper en le faisant venir à San Francisco, loin de chez sa mère, et en profitant un maximum de lui. Je ne sais pas si Bowie voit ça d'un bon œil ou non, mais du moment que je suis heureux c'est le principal.

Notre partie de tennis allait sur le point de commencer et Bowie en question avait répondue à ma réplique limite machiste, mais tout comme certains de nos gestes, nous avions l'habitude de nous taquiner l'un comme l'autre. Par contre, suite à sa réponse, je ne compris pas son comportement. Qu'avait-elle ? C'est bien la première fois que je la vois de telle : ses yeux fermés et ses mains compressées le manche de sa raquette. Comme çi, elle essayait de se contrôler de dire ou faire quelque chose. Je ne la reconnais pas. De plus, elle venait de perdre la pêche qu'elle avait dés mon arrivé sur le terrain et les coups ratés s'enchainaient. Pas normal. Qu'ai-je dit ou fait pour la mettre dans cet état ? Peut être que ça ne venait pas de moi tout simplement. Et elle finit par abandonner voyant qu'elle n'arrivait pas. « J'ai gagné. » dis-je avec un sourire au coin des lèvres avant de répondre à sa proposition d'aller faire un tour. « Oui si tu veux. Je t'offre un verre au bar ? » C'est alors que nous nous dirigions vers le bar du bateau après avoir eu sa réponse et pris soin de ranger tout le matériel dans son sac. A notre entrée dans le bar, un serveur nous installa à une table avec toujours cette même illusion qu'on retrouve chez certains.

- Et une table pour le jeune couple !
- Nous ne sommes pas ensemble, mais simplement des amis
- C'est ce qu'ils disent tous avant de revenir main dans la main. Puis-je prendre votre commande ?
- Un whisky pour moi, s'il vous plait.

Puis après avoir pris la commande de Bowie, il partit vers le bar. Nous étions installés à une table avec une vue magnifique sur le littoral. La raison à notre silence surement. Me rappelant du comportement de Bowie sur le terrain, je me suis décidé à en savoir plus :

- Bowie, qu'est-ce que t'as ? Je t'ai jamais vu comme ça ... Et ne me ment pas, car je sais quand tu mens. Tu n'as plus de secrets pour moi !

Fonder une famille m'a toujours semblé important. Je n'avais même pas seize ans que je savais déjà que je voulais avoir des enfants. Je voulais une famille nombreuse, une maison à la campagne avec deux chiens et un époux qui m'aimerait comme personne. Enfin famille nombreuse... Quatre enfants serait déjà bien assez. C'était certes quelque peu cliché mais je n'y pouvais rien, c'était mon rêve de gosse. Je n'arrivais pas à comprendre ces femmes et ces hommes qui disaient ne pas vouloir d'enfants alors que moi, à à peine vingt quatre ans je crevais de ne pas en avoir. J'étais heureuse de voir que Dean prenait soin de son fils. J'avais toujours trouvé qu'Ethan lui ressemblait, ils étaient adorables tous les deux ensemble. J'étais heureuse qu'il passe des moments avec son petit, c'était important, pour eux deux. Je ne sais pas ce que j'aurais fait sans mes deux parents. Ils m'apportaient quelque chose de différent et je ne m'imaginais pas vivre sans l'un d'entre eux plus jeune. Coverty avait tout pour être un père parfait il faut bien l'avouer. Et si on m'avait demandé de choisir entre lui et Ezechiel, mon ex fiancé, je l'aurais sûrement pris lui. Pendant ma relation avec Ez, je m'étais surprise à les comparer à plusieurs reprises. Est-ce que Dean aurait fait ça ? Est-ce que lui aussi aurait réagi de cette façon ? Je crois que c'était une des raisons qui m'avait poussé à partir. J'avais simplement réaliser que mon meilleur ami était meilleur qu'Ez...

Beaucoup nous pensaient en couple, certains de nos amis aimaient nous taquiner sur ça mais on s'était toujours contenté de rire à ses blagues. Ce n'était rien pour nous, sachant parfaitement que nous n'étions rien de plus que des amis. Notre amitié était fusionnelle, souvent un regard nous suffisait pour nous comprendre. J'appréciais cette relation et avouais facilement ne pas pouvoir vivre sans. Il n'y avait aucune chance qu'on finisse ensemble pour moi. Lui avait tout un tas de filles derrière lui et moi je cherchais une relation solide, dès le début. Pourtant, parfois, je ne pouvais pas m'empêcher de le regarder comme on regarde quelqu'un qu'on commence à désirer... J'étais perdue entre ma raison qui me disait d'être terre à terre, qui me répétait que lui et moi ce n'était que de l'amitié et mon coeur qui me poussait à essayer de faire comprendre à Dean qu'il se pourrait que je l'aime. Il n'y a qu'un pas entre l'amour et l'amitié dit-on, aujourd'hui j'étais prise entre ses deux sentiments sans arriver à m décider pour un côté ou un autre.

Sans grande surprise, ce fut lui qui remporta la partie. Super, j'allais devoir faire ce qu'il voulait... Je souris tout de même lorsqu'il proposa de m'offrir un verre. « Je veux bien oui. » Je déposa ma raquette dans mon sac et le prends avec moi avant de le suivre vers le bar. Le serveur nous installa à une tête. Ces dires me gênèrent quelques peu. C'était bien la première fois que ce genre de paroles me mettaient dans cet état. J'essayais pourtant de ne pas montrer mon trouble en entendant mon meilleur ami répondre. Je m'assieds sans un mot avant que le jeune homme ne passe sa commande. « Et une vodka pour moi. » Ca aurait le mérite de me réveiller. J'avais l'habitude d'en vider des verres et des verres en soirée.

Je ne prêtais déjà plus attention au serveur. Mes yeux s'étaient posés sur le paysage qui nous était offert. Cela faisait trois ans que je n'avais pas eu la chance de revoir l'océan depuis un bateau. J'avais envie que le navire parte maintenant. Un silence s'était installé sans même que je m'en rende compte. J'étais bien trop obnubilée parce que je voyais. Mon esprit était complètement vidé et je ne pensais même pas à mes préoccupations du terrain de tennis. Pourtant, mon voisin ne semblait pas en faire autant. Il mit fin au silence en me parlant de mon état confus. Je n'avais pas spécialement envie d'en reparler mais il semblait l'ignorer. Le pire dans tout ça, c'est qu'il avait raison. Je n'avais d'autres solutions que lui dire la vérité. Mon regard resta un moment fixé sur l'horizon, sans un mot. Puis je finis enfin par poser mes yeux dans les siens. « Je... heu... C'est juste qu'il y a un tas de questions qui me trottent dans l'esprit. J'ai appris qu'Ez avait quitté son poste et j'ai pas envie qu'il se joigne à la croisière si c'est ce qu'il a en tête... Parce que... Parce que j'ai envie de passer à autres choses après trois ans... Ces dernières années ont été fantastique avec toi et j'ai envie que tout continue comme avant, même sur ce bateau. J'ai aimé chaque moment de ces trois ans, j'ai peur qu'en revenant ici tout redevienne comme avant... que tu redeviennes comme avant... Tu sais que tu comptes beaucoup pour moi Dean, tu es réellement devenu quelqu'un de meilleur et j'aime ce que tu es devenu... Je... »

Ce fut ce moment là que le serveur choisit pour nous apporter nos boissons, pas trop tôt. Sauvée par le gong comme on dit. Je souris au jeune homme alors que j'avalais déjà une gorgée de ma boisson. Mon regard se posa de nouveau sur Dean. « T'inquiète pas... Ca me passera... Tu ferais mieux de réfléchir à ce que tu vas me demander plutôt que de te faire du soucis. J'suis une grande fille, t'en fais pas. »

En effet, Bowie n'a plus de secrets pour moi. Je la connais comme ci je l'avais faite et pourquoi me mentirait-elle après tout ? On s'est toujours fait confiance mutuellement. Je sais tout de sa vie et elle sait tout de la mienne, mon passé surtout. Un douloureux passé que je n'ai confié qu'à deux personnes sur ce bateau. Ce passé en question a fait de moi l'homme d'autrefois, coureur de jupons avec pour seuls amis, l'alcool et la drogue. Je n'ai eu que des bas pendant cette période. Mon premier amour m'avait trompée avec mon meilleur ami et ma meilleure amie ne pouvait pas rester à New York dû à un manque de places dans l'université dans laquelle nous avions postulés ensemble à cette époque. Bowie s'était dons mis à la recherche d'une autre université et je n'ai plus eu de nouvelles. après qu'elle ai quitté New York. Selon moi, le seul remède pour oublier tout ceci était l'alcool, mais en réalité il ne m'a rien apporté de bien et n'a fait qu'empirer les choses. J'étais devenu mauvais, enchainais les histoires d'un soir et le seul moyen pour moi de gagner de l'argent était le poker. Étant très doué au poker, j'ai remporté ainsi pas mal de parties pour me faire de l'oseille, de quoi me nourrir et me loger. Puis un soir de noël, un inconnu m'a trouvé dans la rue dans un piteux état et a décidé de m'aider alors que je ne lui ai rien demandé. Sans lui, je n'aurais jamais embarqué sur le navire, faute de moyen, et peut être pas retrouvé toutes ces personnes qui me sont chers : Bowie, Amber, William et des amis d'enfance, mais ces trois personnes sont les plus importantes à mes yeux. J'ai aussi fait de belles rencontres comme Channel et Elihna. Channel n'a pas vraiment un passé diffèrent du mien, c'est pourquoi elle m'a tout de suite compris quand je lui ai parlé de cette histoire de cœur avec mon premier amour et mon meilleur ami et Elihna m'a toujours donné le sourire, on se ressemble nous deux. Quand j'ai su ou plutôt vu que Bowie était sur le bateau à la première croisière et qu'elle partageait ma cabine, j'étais heureux de la retrouver après toutes ces années et je me suis déjà dit qu'un nouvel avenir s'offrait à moi. Cette première croisière a été un bien bénéfique et la deuxième ne serait pas différente de la première, enfin c'est ce que j'espère. Depuis que j'ai retrouvé Bowie, tout s'est tourné vers mon côté. J'ai eu une vie plus que agréable et enfin un boulot. Je dois tout ça à Bowie qui pris une longue prise de parole, mais qui fût interrompue par le serveur. J'aurais voulu entendre le mot de la fin, mais il a fallu que ce foutu serveur se ramène pour tout arrêter. J'ai donc attendu qu'il dépose nos verres et s'en aille pour entamer ma réponse à ce magnifique discours qui m'a fait chaud au cœur. J'ai enfin compris le pourquoi de son comportement même si j'avoue avoir eu du mal au début. Je me suis appuyé contre la table afin d'être plus proche de Bowie et posé ma main sur la sienne après qu'elle ai but une gorgée de son verre.

- Si je suis meilleur c'est grâce à toi et à personne d'autre. Depuis que je t'ai retrouvé lors de la première croisière, tout s'est enfin tourné vers mon côté. J'ai trouvé un sens à ma vie, eu un travail dans un domaine qui me plait beaucoup et pour le moment tout me sourit. Que demander de plus ? Je ne vois pas pourquoi je redeviendrai celui d'avant, un coureur de jupons, alors que j'ai enfin la vie dont j'ai tant souhaité. Tu comptes énormément pour moi également et je me sens bien avec toi. Tu ne m'as apporté que du positif. J'ai besoin d'une femme comme toi qui puisse me mettre dans le droit chemin, mais d'un côté je me dis que je tiens trop à notre amitié pour me lancer surtout que j'ai souffert beaucoup à cause d'une fille dans le passé, tu le sais bien d'ailleurs. Par contre, d'un autre côté je me dis que je devrais écouter mon cœur et lui faire une nouvelle fois confiance. Selon toi, je dois faire quoi ? Ne pas me lancer et garder notre amitié intacte ou écouter mon cœur ? Dur choix. Sachant que j'ai un fils et que si tu veux te lancer avec moi, il faudra me prendre avec lui.

Après ces paroles, je me suis remis contre le dossier de mon fauteuil et mis à réfléchir. Ce silence devait être un silence interminable pour Bowie, mais je ne voulais pas faire le mauvais choix. Je bus ensuite cul sec le whisky que le serveur avait déposé face à moi et quand je l'ai finis, j'ai regardé la goutte restée au fond de mon verre toujours en réfléchissant. Puis, j'ai soudainement reposé le verre et me suis rapproché de Bowie.

- Tu ne m'as apporté que des bonnes choses, je ne vois donc pas pourquoi je réfléchis... Par contre, j'ai bien réfléchis à ce que je pourrais te demander. Bowie Woody Jenkins, je veux que tu m'embrasses et me promettes de m'apporter encore plus du bonheur.

Dean et moi étions inséparables. C'était juste impensable de nous voir loin l'un de l'autre. Il n'y avait qu'une période pendant laquelle cela était arrivé. Je me souviens encore de ce que disait la lettre de l'université. « Nous sommes dans le regret de vous annoncer que suite à un manque de place au sein de notre infrastructure nous ne pouvons pas répondre à votre demande d'inscription. ». Cela signifiait que je ne pouvais pas rester à New York et que je devais me trouver une autre université. Celle de Boston m'avait, heureusement, accepté sinon j'aurais dû retourner à Londres. Après mon départ prématuré je ne me voyais pas retourner à la maison. Petit à petit nous n'avions plus de nouvelles. Je suis partie au Canada et il a continué sa vie new yorkaise. Il a eu un enfant, je me suis fiancée. Il a viré sale type peu respectable qui noie son chagrin dans l'alcool pour paraître fort alors que j'étais devenue un bourreau de travail, toujours le regard dans le ciel. Je me demandais ce que faisaient les personnes que j'avais laissé au fur et à mesure. Est-ce que si elles levaient les yeux elle voyait la même chose que moi ? Je me posais beaucoup de questions, à longueur de temps. Ezechiel essayait tant bien que mal de retenir mon esprit avec lui mais rien n'y faisait. J'étais avec lui physiquement mais mon esprit était bien loin de lui et de ma vie au Canada. J'avais l'impression d'étouffer. J'étais montée sur le bateau de la première croisière, histoire de retrouver un peu la forme. Ce qui avait finalement marché. J'étais arrivée à oublier la rupture de mes fiançailles, ma démission... J'avais pu retrouvé mon meilleur ami grâce à ce navire. Je n'aimais pas ce qu'il était devenu. Je ne voulais pas qu'il devienne l'un de ses types qui finissent tout seul à force d'avoir trop jouer avec des femmes ou même alcoolique. Il était clair qu'il avait un penchant un peu trop important pour l'alcool depuis quelques temps. Mais les retrouvailles étaient beaucoup plus importantes que le reste. Ce qui s'était ensuite passé n'avait jamais été que du bonheur. Trois ans aux côtés d'un jeune homme dont je ne pouvais plus me passer. J'avais tout fait pour qu'il change, pour qu'il devienne quelqu'un de respectable. J'avais mis en jeu mon nouveau job en lui trouvant un travail. Le patron m'avait prévenu, un gaffe et il vire, moi avec. Mais avec le temps, il était devenu bien plus important que je ne le pensais ou que je ne voulais l'avouer. Ma dernière relation était mon idylle canadienne, je n'étais pas sûre d'être prête, j'avais peur de tout rater comme dans le passé. Quant à la vie sentimentale de Dean elle avait été plus que tourmenté dans le passé. Je n'étais pas certaine qu'il veuille d'une histoire comme je l'entendais. Pourtant, il y a des choses qu'on ne peut pas garder pour soi et mes sentiments commençaient à prendre une place trop importante pour que je puisse encore les faire taire.

Sa main se posa sur la mienne alors que je reposais mon verre. Mon regard était toujours dans le sien. Le serveur était loin de nous, Dean se mit à parler. J'essayais de lui sourire mais j'étais beaucoup trop perturbé intérieurement pour y arriver... Je l'écoutais parler, sans dire un mot. Je connaissais tout de sa vie, je savais qu'il avait souffert à cause d'Amber et je n'avais pas été là pour lui à ce moment autant que j'aurais dû l'être, je savais également qu'il avait Ethan. J'avais conscience qu'une femme ne pourrait pas l'éloigner de son petit, et je ne comptais pas le faire. Comment pouvait-il croire ça une seule seconde ? Ethan était un enfant charmant et j'aurais aimé le connaître plus. Dean faisait surgir les doutes qui me hantait à haute voix. Je ne savais pas non plus si notre amitié allait se détériorer si il se passait quelque chose. Je ne voulais pas le perdre, pas après toutes ces années. Il est celui qui me connait le mieux, il sait tout de moi, même les choses qu'on ne dit jamais à personne. « J'en sais rien Dean... Tu sais aussi bien que moi que je veux préserver notre amitié avant tout le reste... Et... »

Le jeune homme s'éloigna de moi pour saisir son verre qu'il vida d'une traite. Un silence s'installa entre nous. C'était assez étrange en fait qu'aucun de nous deux ne parlent. D'ordinaire on avait toujours quelque chose à se dire et là... Tout n'était que silence, la seule chose que j'entendais était le bruit des vagues. Mon regard était toujours porté sur mon voisin qui lui fixait l'intérieur de son verre. Tout à coup, il posa son verre et plongea son regard sur le mien. J'eus du mal à déglutir. Finalement ce n'était peut-être pas une si mauvaise chose qu'il ait gagné la partie de tout à l'heure. Je le regardais en souriant et mes mains glissèrent doucement vers lui, pour encadrer son visage. Alors que je l'attirais vers moi je ne voyais pas que le serveur était en train de sourire. Mes lèvres gagnèrent les siennes pour la première fois, avec douceur et tendresse. J'eus l'impression qu'un millier de papillons avait choisi mon abdomen pour s'envoler. J'avais la sensation, que tout à coup, parce qu'il m'embrassait, tout allait bien... Ma bouche se retira de la sienne sans pour autant que ma main ne quitte son visage. J'étais encore assez proche de lui pour sentir son souffle sur le mien. « Je te jure que je ferais tout pour que tu sois heureux chaque jour avec moi. Je ne veux pas qu'une autre femme puisse t'aimer et te rendre meilleur chaque jour. Promet moi que tout sera comme avant, ne me laisse pas partir comme il a pu le faire... » Doucement, et sans vraiment m'en rendre compte, je caressais sa joue. J'étais bien, il n'y avait rien à dire de plus.

Tout le monde a droit au bonheur. Quel que soit son physique ou son comportement. Qu'il soit intense ou minime, on a tous besoin de ce bonheur. Certains le trouvent dans des plaisirs éphémères et d'autres dans l'amour. Cette passion est peut être la seule qui puisse nous faire désirer de vivre, et nous engager à remercier l'auteur de la nature, quel qu'il soit, de nous avoir donné l'existence. Il faut aimer, c'est ce qui nous soutient, car sans l'amour, il est triste d'être homme. Même si cet amour nous a blessé dans le passé, il faut savoir lui laisser une seconde chance, car il peut finalement nous rendre heureux. Heureux : un état d'esprit dans lequel je n'étais pas il y a trois ans de cela et pendant plus de cinq ans, à cause de ce premier amour. Que l'on l'ai rencontré à 15 ans ou à 20 ans le premier amour est celui qui nous a fait quitter notre monde parfait et fait découvrir ce qu'était véritablement l'amour. Si dans notre tête amour rime avec toujours, ce n'est pas toujours cas et le retour à la réalité est douloureux. On refait souvent sa vie et cesse de penser à cet être que l'on a tant aimé, on en rencontre d'autre et c'est avec une douce nostalgie que l'on se souvient de ce premier amour. Cependant tout n'est pas toujours aussi rose et parfois ce premier amour nous poursuit et nous hante. On y repense et malgré ces années, on arrive pas à faire le deuil de cette douloureuse séparation. Mais il faut à tout prix éviter de se retrouver dans ce genre de situation. Le premier amour n'est qu'une étape dans la vie et il faut bien sur ne pas s'y arrêter et continuer sa route; même si parfois le premier amour se révèle être l'amour de notre vie il faut se dire que même si on est fait l'un pour l'autre la vie finira bien un jour ou l'autre par nous réunir. Ainsi tout comme pour les chagrins d'amour, il faut savoir oublier et effacer les peines et les souvenirs douloureux du premier amour. On dit souvent « ce qui ne me tue pas me rend plus fort » et ce proverbe montre bien que quelque soit le chagrin, la peine et la déception que la vie met sur notre chemin il faut savoir passer au dessus de cette situation et évoluer. La vie n'est qu'une succession d'étape et il faut savoir s'adapter à toutes les situations, puisque nul n'est maitre de son destin. Aujourd'hui, je peux dire que j'ai oublié ce premier amour que j'ai tant aimé, pour qui j'aurais donné cœur et âme, et que je suis à nouveau heureux. Grâce à Bowie, et elle le sait très bien, mais j'ai eu un moment de doute lorsqu'elle m'a annoncé qu'elle voulait préserver notre amitié après mes premières paroles. Heureusement, ce ne fût qu'un doute et à ma seconde prise de parole, elle n'avait pas hésitée à m'embrasser. Un doux baiser que j'ai prolongé et qui annonçait le début de notre histoire à deux. Nous étions heureux, personne ne pouvait dire le contraire, ou alors se serait un mensonge et par ma promesse que j'allais lui faire, elle le serait d'avantage.

- Je te fais cette promesse, seulement si tu arrêtes de parler de lui et que tu le chasses de tes pensées ! Ezechiel c'est fini et crois-moi, quand je tiens à quelqu'un je suis bien attaché à elle et fais mon possible pour la rendre heureuse.

A mon tour à présent de la rendre heureuse comme elle a put faire pour moi en me trouvant un travail et même simplement par sa compagnie. Je voulais maintenant me retrouver seul avec elle et ne pas me sentir observé par ce serveur derrière son comptoir, qui en fin de compte avait raison. Je lui ai donc murmuré à l'oreille : « rejoins moi à notre cabine » avec un sourire au coin des lèvres. Puis, j'ai déposé sur la table de quoi payer nos boissons en plus du pourboire avant de quitter le bar et de me diriger vers notre cabine, s'en même attendre sa réponse. Je me dirigeais donc d'un pas pressant vers l'endroit afin d'arriver le premier et faire tout ce dont j'avais en tête, c'est à dire fermer les rideaux et tamiser les lumières pour créer une atmosphère. De quoi faire passer à Bowie un moment qu'elle ne sera pas prête d'oublier.

L'amour est la chose la plus complexe qu'il existe au monde, elle peu aussi être la chose la plus blessante au monde mais comment pourrait on vivre sans. Vivre sans amour reviendrait à vivre sans personne. Je ne pourrais pas imaginer passer un jour sans voir l'un de mes amis. Leur présence dans ma vie est indispensable, je ne serais alors quel la moitié de moi-même en les retirant de mon quotidien. Sans eux, je ne serais pas là, je ne serais pas la personne que je suis. Si Dean n'avait pas une place si importante dans ma vie, je ne l'aurais jamais suivi jusqu'aux Etats-Unis, je n'aurais jamais vécu toute seule à Boston, je n'aurais jamais mis un pied au Canada, je n'aurais jamais travaillé avec des enfants, je n'aurais peut-être jamais aimé au point d'avoir l'impression d'avoir les tripes déchirées, je n'aurais jamais autant regretté ma vie anglaise, je n'aurais jamais réalisé que celui qui s'était assis à côté de moi au premier cours de biologie était celui que j'aimais vraiment. Je serais allé à Oxford et aurais trouvé un travail dans la boite de Michael ou dans un institut scientifique, ma vie serait sans doute ennuyante. Certes je n'aurais pas vécu les semaines difficiles au Canada avant mon départ pour la première croisière mais je n'aurais alors pas non plus retrouvé Dean. Ma vie n'était pas régie seulement par mes choix mais aussi par ceux de ceux qui m'entouraient. J'aimais cette part de hasard, même si elle me menait parfois dans l'inconnu le plus complet. J'ignorais si embrasser Dean était une bonne idée et si j'allais ne jamais le regretter comme je ne savais pas si dire oui à Ezechiel était une bonne idée. En soi, ça n'était pas une erreur. Peut-être que si je n'avais pas été séparée de Dean tout ne se serait pas passer de la même façon. Peut-être que je serais marié aujourd'hui. Étrangement, je ne regrettais pas tout ce qui s'était passé avec Fredricksen, même notre rupture. Sans cela, je n'aurais pas passé les trois dernières meilleures années de ma vie avec Dean et je ne l'aurais pas embrassé sur ce bateau. Ma relation avec celui-ci devenait de plus en plus ambiguë. J'avais l'impression qu'on agissait presque comme un couple allant partout ensemble mais sans les gestes d'affection et les nuits passées ensemble. Mais à présent, tout allait changer, tout ou presque. J'étais contente que Dean soit avant tout mon meilleur ami. Tout allait être plus simple.

Je l'écoutais me faire une promesse, le sourire aux lèvres. Dean me rendait heureuse par sa simple présence. J'avais l'étrange l'impression que tout allait bien lorsqu'il était avec moi. Alors qu'il était encore tout près de moi il me glissa quelques mots à l'oreille? Je ne pus m'empêcher de lever les yeux au ciel avec un sourire en coin. Il se leva et quitta l'endroit, sans oublier de payer. Je pris le temps de finir mon verre avant de me lever à mon tour. Je jetais un coup d'oeil au serveur qui me sourit. Je détournais rapidement les yeux, préférant me concentrer sur l'endroit où je posais mes pieds. Je fus à notre cabine en peu de temps. L'endroit était différent de d'habitude, on avait plus l'impression d'être dans une vraie suite pour un couple que dans une cabine pour deux meilleurs amis. Je souris doucement en déposant mon sac près de la porte d'entrée. Dean était à quelques pas. Je m'approchais de lui doucement et posais mes mains sur son torse pour l'embrasser tendrement. Je savais ce qu'il avait dans la tête, il fallait être stupide pour ne pas le savoir. Mes bras glissèrent autour de son cou doucement pour le regarder dans les yeux un instant, sans dire un seul mot. Captivée par ses yeux je n'osais plus bouger. Je savais parfaitement qu'il faisait parti de ses hommes qu'on aime regarder dans la rue, je l'avais vu depuis qu'on était jeune mais je n'en avais jamais réellement pris conscience. Peut-être parce qu'il ne m'avait jamais regardé de cette façon avant. Doucement, nous commençâmes à nous approcher du lit, nos mouvements étaient légers et empreints de douceur. Il fut le premier à se trouver assis puisqu'il marchait en arrière. Je restais tout près de lui, lui donnant une série de petits baiser. Plus de doute là dessus, Dean était celui que j'attendais. Ezechiel n'était qu'une étape, comme toutes les autres petites amies de Dean j'espérais. J'ignorais pourquoi mais tout à coup, je me souvenais de ce que je portais, enfin, plutôt de ce que je portais en dessous, et ce n'était pas sexy du tout. Autant dur qu'il allait falloir faire en sorte de changer ça. Ça pouvait paraître idiot mais je ne tenais pas que Dean me voit dans ses sous-vêtements normalement destinés au sport, surtout pour notre première fois. Je l'embrassais doucement avant de le regarder avec un petit sourire. « Tu crois que tu vas être capable de patienter deux secondes sans bouger ? Je dois aller faire un petit truc. » Je me mordais la lèvre inférieure en me levant pour gagner la commode. J'en sortais un ensemble assez simple mais tout de même plus sexy que ce que j'avais sur moi. Je filais dans la salle de bain pour me changer.

Lorsque j'en sortis, j'avais passé mon court peignoir en soie rouge. Je m'approchais doucement de lui, souriante. Il était allongé sur le lit, je passais doucement mes jambes autour de lui pour être à califourchon. Mon peignoir glissa doucement sur mes bras. Je me penchais de nouveau vers lui pour l'embrasser à plusieurs reprises.[/size]